450 miles nautiques, c’est le trajet que nous devons parcourir au travers de la mer des Caraïbes, pour rejoindre la première île se trouvant au nord du Honduras. Nous prévoyons quatre à cinq jours de navigation. Peu de vent et beaucoup de moteur le premier jour avec une houle de Sud-Est un peu agaçante, puis bonne brise et mer peu agitée à partir du deuxième jour.
Igor nous pêche une belle dorade – succulente –
Au terme de notre 3ème nuit de navigation, nous approchons des îles Santillana et la tentation est grande d’aller nous dégourdir les jambes. Les îles Santillana, également connues sous le nom d’îles Swan en mémoire d’un pirate qui sévit dans les parages au XVIème siècle, sont perdues au milieu de la mer des Caraîbes, à plus de 300 miles de la Jamaïque, environ 180 miles des îles Caïman et à 120 miles de l’île Guanaja (Honduras) où nous nous rendons. Personne ne connait ces îles ; Elles ne sont qu’un point sur la carte, laquelle fait mention d’une zone interdite ; Elles sont entourées de hauts fonds et de récifs non cartographiés qui en rendent l’approche délicate (en guise de sondes, les cartes marines portent des points d’interrogation) ; Aucun projet sérieux n’y est envisageable car ces deux îlots (2kms de long pour le plus grand et 1.5 kms de long pour l’autre) sont, chaque année, ravagés par des cyclones. Ces îles ne sont pourtant pas tout à fait désertes. Jusqu’en 1980, les Etats Unis y opéraient une station météo. Les îles furent ensuite cédées au Honduras et elles sont désormais occupées par des militaires. Ce sont eux qui nous interpelleront par VHF alors que nous approchions prudemment d’une petite calanque sur la côte nord. Ils nous demandèrent de faire le tour d’Isla Grande pour venir nous déclarer. Sachant qu’un coup de vent se préparait, nous n’avions pas l’intention de perdre une demi-journée en formalités, nous les remerciâmes et reprîmes notre route. Les îles Santillana garderont ce parfum des ‘’belles passantes que l’on n’a pas su retenir’’.
Notre revanche, c’est à Guanaja que nous l’aurons. Guanaja est la plus nord-est de toutes les îles de la Bahia, la plus isolée, et la moins fréquentée. Elle est entourée de cayes qui en rendent l’accès incertain. Certaines de ces cayes sont habitées et sont autant de petit paradis pour ceux qui y résident. Sur les 10 000 habitants de l’île, 8 000 sont concentrés sur la petite ville de Bonacca, laquelle a été construite à cheval sur deux cayes. Ici, comme dans toute l’île, il ne peut y avoir de voiture. Toute la circulation se fait soit en bateau car Bonacca est traversé par des canaux qui lui donnent un petit coté vénitien, soit à pied dans des ruelles qui ne font pas plus d’1m50 de large. Guanaja est un havre de paix qui ne se reconnait pas comme faisant partie du Honduras, lequel ne fait rien pour équiper l’île. Les habitants ayant pris l’habitude de se débrouiller seuls (y compris sur le plan énergétique), il n’y a ni impôt ni aucune taxe de quelque ordre que ce soit.
Dans la perspective du coup de vent annoncé, nous allons nous réfugier à El Bight, un abri à cyclone entouré de mangrove. A terre, un bar tenu par des allemands arrivés sur l’île au début des années 90, quelques rares habitations, joliment fleuries. Certaines disposent de leur propre petit ponton leur permettant l’accès à la mer. Ici, ni délinquance, ni criminalité, les maisons restent ouvertes et sans surveillance. Ceux qui y vivent ont le sentiment de se trouver dans un des derniers refuges de paix et de liberté qui puissent encore exister sur cette planète.
Passé le coup de vent qui n’en fut pas vraiment un, nous reprenons notre route Ouest-Sud-Ouest. Belle navigation sous spi, mais nous sommes fatigués de la mer et de toutes ces heures d’inactivité. L’ambiance à bord n’est plus tout à fait la même. Le soir venu, nous arrivons aux Cayos Cochinos, un archipel de 13 petits îlots coralliens de toute beauté, devenu réserve maritime et abritant une mission scientifique. La plupart de ces îles sont au ras de la mer avec de superbes plages de sable blanc entourées de récifs et de lagons aux eaux turquoises façon carte postale, mais c’est à l’abri de la plus haute et plus grande île que nous trouvons un abri. Là vivent encore quelques garifunas, mélange d’amérindiens carib et d’anciens esclaves d’origine africaine. Pendant que les enfants se reposent, je fais un tour sur l’île : Végétation tropicale totalement vierge, nombreux oiseaux. C’est tout simplement magnifique.
Le soir même, nous repartons sur Utica pour y effectuer nos formalités de sortie du Honduras, nous n'y passons pas plus d’une heure et nous repartons vers le rio Dulce (Guatemala).
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